I- Le C.P.F.
1- En quelle année avez-vous rejoint le CPF ?
1976
2- En quelle année avez-vous obtenu le bac ?
J’aurais obtenu mon bac au CPF en 1984 si je n’avais pas quitté le Liban à cause de la guerre, alors que j’étais en classe de 4eme. Je suis parti en 1981 continuer mes études en Virginie, aux USA.
3- Quelle(s) était/étaient votre/vos matière(s) préférée(s) ?
Dessin, sport et biologie.
4- Quels sentiments éprouvez-vous en vous rappelant votre scolarité au CPF ?
Nos années au CPF en tant qu’élèves ont été un mélange de bonheur, de souvenirs merveilleux, de camaraderie inoubliables, de solidarité, mais aussi une longue histoire de survie parce que nous étudions dans des conditions extrêmement éprouvantes dues à la guerre civile qui faisait rage. Nous avions souvent besoin de courir nous refugier dans les abris ou dans les sous-sols de l’école et de nos maisons. L’école était aussi souvent interrompue à cause des évènements liés à la guerre et à cause de la violence qui nous entourait. Malgré tout cela, j’ai passé au CPF les plus belles années de ma vie à jouer, rire, faire du sport, étudier et partager nos peurs et nos espoirs comme tous les autres enfants du monde. Nous allions sous les bombes jouer au flipper et vidéo games à Hamra sans que nos parents ne sachent ou nous étions. Nous avons tissé des liens d’amitié à cette époque qui sont restés uniques et indélébiles. Malgré la guerre, nos professeurs sont restés courageux et complètement dévoués à notre avenir.
J’ai personnellement été un élève très turbulent au CPF et dans les autres écoles ou j’ai été. J’étais le cancre qui faisait les 400 coups et qui ne voulait jamais étudier. J’étais aussi révolté par le système français que je trouvais trop rigide et je le montrais. J’ai été chassé du collège lorsque j’étais en classe de 4eme. Mes profs me trouvaient sympathique mais trop indiscipliné et trop chaotique. Certains m’ont même conseillé de m’essayer à une carrière de tennisman ou de comédien. Cela peut paraitre paradoxal, mais malgré tout cela j’adore mes années passées au collège ; elles ont formé ma personnalité à plus d’un niveau.
5- Quels enseignements gardez-vous de votre éducation au CPF ?
J’ai appris au CPF la vraie camaraderie, la persévérance, l’esprit d’équipe (surtout à cause du sport), la survie dans l’adversité et les conditions difficiles et surtout l’amitié profonde et authentique.
J’y ai aussi acquis une culture générale importante, bien que j’étudiais très peu.
6- Etes-vous toujours en contact avec vos enseignants ou vos copains du CPF ?
Je suis resté très proche de beaucoup des gens que j’ai connus au collège, bien plus que je n’aurais jamais imaginé à l’époque.
Nous sommes notamment un groupe très soudé de 6 copains qui sommes restés jusqu’aujourd’hui inséparables et cela depuis la classe de 7eme.
J’ai aussi avec les années retrouvé beaucoup des gens que j’avais connus au CPF et que j’avais perdu de vue. Le plus drôle c’est que j’en ai même opéré: des amis, leur parents, leurs enfants.
Partout ou je vais, dans le monde, et que je rencontre des libanais, je retrouve les gens du CPF, comme un grande confrérie qui partageons tous les mêmes valeurs, les mêmes souvenirs.
Nous nous retrouvons souvent entre anciens du collège, même si nous vivons dans des pays différents, pendant les vacances, et les liens sont toujours aussi forts et réconfortants. Je suis même allé plusieurs fois aux journées Adam Hallal avec ma petite fille. J’ai également aidé pendant les journées d’orientation en donnant aux élèves des conseils et information sur les métiers de la médecine.
Certains de mes amis qui sont mariés depuis maintes années se sont même connus au CPF. Ma femme sent qu’elle-même fait partie de ce groupe tant elle a entendu et réentendu nos histoires de CPF.
Quant à mes enseignants, j’ai eu le plaisir d’en traiter médicalement plusieurs (heureusement pour moi avec succès!), et je suis resté en contact avec eux ; ils ont été pour moi ma famille que j’avais perdu beaucoup trop tôt. La plupart sont surpris que je sois devenu médecin et ont du mal à croire que je soit même arrivé à être sélectionné a joindre la très prestigieuse la Mayo Clinic aux Etats-Unis comme professeur, autant qu’ils m’ont connu turbulent!
Une fois, une de mes enseignantes est arrivée à l’hôpital avec son mari qui avait besoin de soins et s’est mise à pleurer en voyant mon nom sur le mur, elle avait du mal à le croire mais je sais qu’elle était fière: quand les élèves réussissent leurs vies, les enseignants sont fiers du rôle qu’ils y ont joué; j’imagine que c’est pour eux un vrai bonheur.
7- Quels sont vos meilleurs souvenirs au CPF ?
Il est très difficile de décrire ce que l’on a vécu au CPF pendant les longues années de la guerre civile qui nous a volé notre enfance. Mais dans mes plus beaux souvenirs je retrouve des parties, des championnats de football, de tennis, de basket, d’athlétisme, des classes de neige au CJC Faraya, les 400 coups qu’on a faits en classe, et paradoxalement même être chassé de classe! J’étais souvent appelé au bureau de la surveillante générale Mme Sally Dargham, et à celui de la directrice Mme Françoise Bordreuil. Je me souviens qu’elles me souriaient et qu’elle me disaient: comment peux-tu faire autant de chaos, tu as pourtant l’air tellement intelligent et d’avoir tellement de potentiel! Elles me disaient: Sabri!! Et je répondais: ‘Ca brille madame, mais c’est pas de l’or!
8- Le CPF en un mot ?
Camaraderie.
II- La carrière :
1- En quelle université avez-vous poursuivi vos études ?
J’ai obtenu ma License de biologie et mon diplôme de médecine a l’université américaine de Beyrouth, et mes études de chirurgie à Georgetown University à Washington DC. J’ai ensuite fait ma spécialisation en otorhinolaryngologie et en chirurgie maxillo-faciale à Cleveland à Ohio.
Mes 2 sous-spécialisations en chirurgie furent en cancérologie et reconstruction et chirurgie de l’oreille et de la base du cerveau, que j’ai faites à la Vanderbilt University au Tennessee.
Jai aussi dernièrement complété un master du management de l’hôpital et de la santé à l’école supérieure des affaires l’ESA à Beyrouth.
En total, j’aurais fait 17 ans d’étude après mon high school diplôma.
2- Pourquoi la médecine ? Pourquoi cette spécialité ?
J’ai toujours été fasciné par la biologie et les sciences, mais aussi pas la psychologie humaine; j’ai aussi toujours eu un désir profond d’aider les gens.
Je m’ennuie rapidement et la médecine est une profession ou chaque jour ne ressemble à aucun autre, .
L’ORL (otorhinolaryngologie) et la chirurgie maxillo-faciale et de reconstruction m’ont permis de m’occuper d’une grande variété de maladies, entre autres d’infections, de traumatismes, de fractures, de problèmes congénitaux, de malformations pédiatriques, de cancer et chirurgie reconstructive qui m’on permis de m’occuper d’une multitude patients, hommes, femmes, enfants, des personnes démunies ce qui a été très gratifiant au cours de ma carrière. Les chirurgies ORL sont également extrêmement délicates parce qu’elles touchent à une partie très complexe et minutieuse de l’anatomie et qu’elle touche à des fonctions vitales du corps humain. Tout ce qui va de la tête au reste du corps passe par le cou. J’ai aussi souvent fait des opérations des osselets de l’oreille avec l’aide d’un microscope chirurgical, qui mesurent quelques millimètres, et qui impliquent des opérations très minutieuses et délicates, ce qui les rend particulièrement fascinantes.
Je suis également très pris d’éducation, ce qui représente une partie importante de ma carrière parce que je suis lourdement impliqué dans la médecine académique. J’ai aussi fait beaucoup de recherche. Grace au traitement des patients, à l’éducation des élèves, à la recherche, mon travail est extrêmement gratifiant et satisfaisant. C’est un travail qui me permet d’apprendre de nouvelles choses fascinantes et de m’améliorer sans arrêt.
Mon travail et ma formation m’ont pris aux quatre coins du monde: j’y ai fait mon éducation, j’ai enseigné et fait des voyages d’aide humanitaire nombreux et opéré un nombre important d’enfants et d’adultes atteints de malformations et de tumeurs à travers le monde.
3- Qui vous a encouragé ?
Mes amis, surtout ceux qui ont étudié avec moi, et dont certains sont restés proches; je les revois souvent socialement mais aussi pour des raisons professionnelles puisqu’ils ont fait des parcours de médecin aussi.
Ma famille également bien-sûr, mon oncle, médecin a Washington DC. Ma famille en general comprend d’ailleurs plusieurs médecins et hommes et femmes de science.
4- Quelles sont les exigences les plus dures de votre métier ?
Certaines des choses qui ont été les plus éprouvantes sont: les années très très longues passées à étudier et qui m’ont souvent éloigné de mes amis, de ma famille de mes hobbies et loisirs, et qui m’ont fait raté maintes occasions et célébrations.
Le fait aussi que mon métier soit très exigeant moralement et physiquement : les innombrables nuits de garde passées sans dormir dans les hôpitaux. Une des choses les plus difficiles à accepter est également de parfois perdre un patient; on a beau s’y attendre, on s’attache souvent à ses patients, et ça peut être très dur de les voir emportés par la maladie.
III- L’Homme :
1- Votre principe de vie ?
Vivre la vie pleinement, avec intégrité, et rajouter de l’humour et de l’amour a tout. J’aime beaucoup rigoler et tourner les situations difficiles en expériences positives en y mettant de l’humour et de la légèreté. La persévérance a aussi une place essentielle et a été continuellement au centre de ma vie. N’oubliez pas, j’étais le cancre de l’école et j’ai fini par très bien me débrouiller et avoir une vie professionnelle et personnelle réussies et gratifiantes. Aussi être toujours reconnaissant pour ce que l’on a.
2- Quelle trace le CPF a-t-il laissé sur la personnalité de Dr Alain Sabri ?
Le plus important sont les beaux souvenirs, les photos qui restent, les amitiés qui s’y sont formées et qui ont passé le test du temps.
Mais aussi l’amour du sport et surtout une culture générale très enrichissante et la formation de nos personnalités: le CPF encourage ses élèves à être tout à la fois cools, aimables, humbles, forts, tolérants et ouverts d’esprit. Dans ma classe j’ai eu des amis bulgares, russes, indiens, italiens, français et belges ; c’est très enrichissant de vivre côte à côte d’autres religions, d’autres nationalités, cultures et milieux sociaux.
3- Etes-vous marié ? Avez-vous des enfants ?
Ma femme Pascale est franco-libanaise et dirige sa propre société de luminaires au Liban. Nous vivons actuellement à Abu Dhabi, la capitale des Emirats Arabes Unis depuis 9 mois.
Nous avons une fille, Raphaëlle Marie, qui a 3 ans et lorsque nous serons de retour au Liban, je ne voudrais la mettre nulle part ailleurs qu’au CPF, en espérant qu’elle y fera moins le cirque que moi!
4- Etes-vous plutôt francophone ou anglophone ?
Je suis les deux. Bien que j’aie vécu 16 ans aux Etats Unis et que j’y ai fait toutes mes études secondaires. C’est là-bas que j’ai en fait commencé à vraiment apprécier la littérature française, que je lisais avec passion.
Grace au CPF entre autre, j’ai acquis et gardé un immense intérêt pour la culture française. Je lis énormément de littérature et poésie mais aussi des bandes dessinées que je collectionne, je regarde également beaucoup de films, j’aime le théâtre et je ne rate pas une occasion d’y aller, bref j’adore la culture française!
5- Quels sont vos loisirs loin du travail ?
Mes loisirs sont avant tout le tennis. Adolescent j’étais champion dans les tournois des écoles et je joue toujours plusieurs fois par semaine (mon héros, c’est Roger Federer!)
J’aime aussi le basketball, j’adore le ski, j’en fait des journées entières quand j’en ai la chance. Mis a part le sport, je collectionne des antiquités et je suis fasciné par les cultures anciennes (Mayas, Incas, Phéniciens, Romains, Grecques)
Je fais aussi de la moto (j’ai une Harley Davidson Héritage), je voyage énormément, j’aime le théâtre, la musique (pop et rock des années 70 mais aussi opéra et musique classique) et j’adore la lecture.